La première fois que j’ai expliqué à des amis mon désir de rencontrer un maître Feng Shui pour m’initier à cet art chinois, il y a plus de 20 ans, j’ai vu l’incompréhension dans leur regard; comme un point d’interrogation au centre de l’iris !
Depuis l’exercice de cet art a diffusé et de nombreuses personnes s’y intéressent.
Wikipédia en donne la définition suivante :
Le Feng Shui est un art millénaire d’origine chinoise qui a pour but d’harmoniser l’énergie
environnementale d’un lieu de manière à favoriser le bien-être, la santé et la prospérité de ses
occupants. Cet art vise à agencer principalement les habitations en fonction des “énergies” visibles ou subtiles (qi) pour obtenir une harmonie, un équilibre des forces et une circulation
optimale de l’énergie. Il s’agit d’un art basé sur les principes de la philosophie taoïste, au même titre que la médecine traditionnelle chinoise ou l’acuponcture”
Le Feng Shui est une interaction entre les humains et leur environnement. Mon maître disait qu’il n’y a pas un Feng Shui. J’ai compris plus tard qu’il est en lien avec le regard que nous portons sur le monde et l’impermanence ou le mouvement de la vie.
A travers les livres vous découvrirez plusieurs écoles dont les principales sont l’Ecole de la Forme, et celle de la Boussole.
Formée à ces deux écoles, je pensais au début qu’il fallait en choisir une en particulier. Mais aujourd’hui, forte de mon expérience, il me semble plus adapté de rester ouverte et d’accueillir ceux des préceptes Feng Shui qui s’imposent comme « justes » dans l’abord d’un environnement spécifique.
Le Feng Shui est un processus qui nous fait cheminer vers une meilleure harmonie. Il nous fait vivre la philosophie de l’équilibre du Tao. Le Tao est cet axe central d’où tout part et tout revient. Une philosophie qui permet de vivre en harmonie avec soi-même
(intérieurement ) et l’Univers
Les chinois demeurent en effet foncièrement étrangers à la vision mécaniste de l’Univers, comme celle du « Grand Horloger » de Voltaire. Leurs premiers penseurs, à partir de l’idée du Souffle, ont proposé une conception unitaire et organique de la création où tout se tient et se relie.
Dans ce réseau des vivants, l’homme n’est pas un être à part, une pointe d’épingle perdue dans l’immensité : notre destin est lié à celui de l’Univers et procède du même principe. La création étant continue, l’homme en étant un participant actif, il se recrée en permanence, à chaque instant, comme pour la première fois.
Dès lors, un penseur chinois comprendra instinctivement cette phrase de Heidegger: « l’Être est ce qui ne finit pas d’advenir ». Laotseu, le fondateur du taoïsme dans le chapitre 42 de La Voie et sa vertu a formulé cette cosmologie de façon fulgurante : une « Création en marche », désignée sous le nom de Tao, « La Voie ».
François CHENG (Et le souffle devient signe)Mais que veut dire FENG SHUI ?
FENG signifie VENT et SHUI signifie EAU.
Ce sont deux élément qui circulent sur la terre. Deux énergie vitales car sans le VENT (l’air) nous ne pouvons plus respirer et sans l’EAU nous mourrions rapidement. L’un est souffle de vie et l’autre élixir de vie ; deux piliers de notre force vitale.
Il en est de même pour notre lieu d’habitation, nos pièces de travail et tout lieu qui reçoit du public.
Nombre d’occidentaux ont une pensée plutôt cartésienne ce qui rend plus difficile l’accès à la pensée chinoise. Le « dialogue » de ces pensées est cependant fécond.
Choisir la bonne pièce pour en faire une chambre – pour le couple ou un enfant- ou un bureau.
Placer une maison sur son terrain.
Mettre le lit ou le canapé à la bonne place; etc.
Ce n’est qu’après plusieurs années d’étude des constellations familiales et systémiques que j’ai fait un rapprochement de cet outil avec l’art du Feng Shui.
Ce constat a magnifié à mes yeux l’importance de la juste place, dans un réseau relationnel comme dans un lieu: en procédant à un simple déplacement, une énergie se libère et amène à une meilleure solution.
Une cliente m’avait donné pour mission de l’aider à mettre de l’ordre dans sa maison. En déplaçant un petit meuble légué par sa mère et en le surmontant d’un miroir légué par son père, elle réunifiait le couple de ses parents (qui s’étaient séparés) et parallèlement l’image de son propre couple. A peine ce travail achevé, le changement fut stupéfiant et rapide: l’idée de la
séparation a laissé la place au renforcement de son union.
Je me souviens d’une autre cliente qui prenait la place de sa mère dans la famille. Une simple permutation dans l’usage des chambres a permis à chacune de prendre sa juste place et de vivre une relation plus harmonieuse.
« Mes morts étaient les meubles ôtés qui avaient fait l’harmonie de ma maison. Comme leur présence physique, tout à coup, m’a manqué ! Et comme je me suis manqué en leur absence ! » Daniel PENNAC (Journal d’un corps).
Si vous observez le BAGUA qui est « la grille de référence du Feng Shui » vous pouvez constater que chaque case correspond à un membre de la famille chinoise: le père (Qian), la mère (Kun), les trois filles et les trois garçons. Chacun a sa place !
Le BAGUA (ou PA-KUA) est une grille de lecture dont se servaient les maîtres Feng Shui qui étaient des géomanciens.
Cette grille me sert pour replacer mais aussi pour observer les zones de déséquilibre énergétique entre les cinq éléments (Terre/Métal/Eau/Bois/Feu). Les déséquilibres – manques ou excès – peuvent apporter des perturbations importantes au sein d’un système, que ce soit celui de la famille ou du lieu lui même.
Attention !
Si les cinq éléments étaient parfaitement équilibrés dans nos lieux de vie, tout serait statique. Le Feng Shui joue sur leurs différences de force.
Il est important de ressentir la circulation de l’énergie, les interactions et résonances à l’oeuvre à l’instant présent dans un lieu pour pouvoir cheminer dans la création de l’harmonie recherchée.
Ceci illustre la loi de la triade: la force d’AFFIRMATION, la force de NEGATION et la force de CONCILIATION qui naît des deux autres. Une posture de yoga correspond d’ailleurs à cette « danse des forces », et en la pratiquant on peut ressentir l’énergie circuler.
« A partir de l’idée de la Voie et du Souffle primordial, les taoïstes ont proposé le fonctionnement de trois souffles vitaux: le Yin, le Yang et le Vide médian… On ne met jamais assez l’accent sur l’importance du Trois qui né du Deux, et drainant la meilleure part du Deux, permet au Deux de se dépasser. Seul le Trois nous sortira du jeu narcissique et du jeu duel. » François CHENG (Et le souffle devient signe).
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